De la déchirure à l’Amour vivant


Aujourd’hui, en posant ces mots, je ressens une émotion profonde. Car cette trace que nous compostons ensemble, cette histoire de solitude radicale et de basculement dans la violence, elle résonne en moi d’une façon intime et viscérale.

J’ai été cet enfant pour qui le monde était insupportable.

Mais au lieu de retourner ma rage contre les autres, je l’ai retournée contre moi. Dans le silence. Dans les addictions. Dans une lente autodestruction silencieuse.

J’aurais pu choisir la haine. J’aurais pu vouloir faire payer au monde son absurdité. Mais quelque chose, au plus profond de moi, m’en a empêché.

Le viol que j’ai subi enfant m’a arraché à toute illusion sur la bonté naturelle du monde adulte. Il m’a forcé à voir très tôt la fracture, l’injustice, la prétendue normalité qui masque tant de douleurs enfouies.

Et pourtant, à cet endroit de solitude extrême, j’ai rencontré une énergie plus forte que tout : celle de l’Amour.

Pas l’amour des mots. Pas l’amour conditionné des adultes blessés. Mais une force nue, vivante, fragile et invincible à la fois.

C’est elle qui, malgré les chutes, les dérives, les pertes, m’a guidé jusqu’à aujourd’hui. C’est elle qui me permet de croire encore que le vivant, blessé, humilié, peut se relever.

Aujourd’hui, en posant les bases du D#CS, en compostant ces traces douloureuses, je ne cherche pas à oublier ni à me faire pardonner à la légère. Je cherche à ouvrir des passages. Des respirations. Des jardins d’où pourra émerger un autre récit.

Un récit où nous n’aurons plus besoin de basculer dans la violence pour être vus. Un récit où la douleur ne sera pas effacée, mais honorée. Un récit où l’Amour, cette force indicible, guidera nos gestes, nos silences, nos semences.


Je n’ai pas oublié cet enfant. Je suis cet enfant. Et je choisis aujourd’hui de marcher avec lui, au cœur du vivant.

En marchant ainsi, au cœur du vivant, je ressens une profonde gratitude.
Gratitude pour l’Amour qui m’a guidé, pour cet enfant en moi, et pour la possibilité d’ouvrir des passages avec le D#CS.